Adaptation d’un comics américain né en 2000 (1), la série Powers créée par Brian Michael BENDIS est diffusée depuis mars 2015 sur PlayStation Network et sur la chaîne OCS Choc.
Les deux premiers épisodes étaient présentés au Festival Séries Mania le 24 avril 2015 et m’ont donné envie de poursuivre en regardant les 10 épisodes de la Saison 1 de la série Powers, sortis en DVD dès le mois de septembre.
La série Powers présente en effet un mélange inédit de série policière et de série fantastique à base de personnages aux pouvoirs surnaturels, et surtout met en scène un sentiment de nostalgie pour l’âge d’or des super-héros tout à fait prenant.
Etat des lieux…
A Los Angeles, dans les années 2000, la division Powers du LAPD est chargée d’encadrer les activités des « Powers » – autrement dit : des Puissants, de ceux qui ont des pouvoirs – et de mener toutes les enquêtes criminelles dans lesquelles ils se trouvent impliqués. La génération des justiciers vertueux utilisant leurs super pouvoirs pour défendre la veuve et l’orphelin et faire régner l’ordre sur la cité n’est plus qu’un lointain souvenir et les super-héros d’hier semblent avoir du mal à garder le cap. C’est le premier regard original proposé sur le thème des super-héros par la série Powers.
Certains se clashent en plein ciel, au mépris des victimes collatérales, d’autres font dans le détournement de mineure (1×1), les super pouvoirs ne sont d’ailleurs plus aussi rares et, plantés sur le bitume, des flopées de « Juniors » attendent, portable en main, filmant leurs exploits avant de les publier sur les réseaux sociaux (1×1), en espérant être bientôt « repérés » par un agent qui pourra lancer leur carrière (1×8).
Critique des médias et du culte de la célébrité, toute ressemblance des situations décrites dans la série Powers avec des personnes ou situations « existantes ou ayant existé » est bien sûr fortuite et involontaire…
« Je venais ici, quand j’avais 17 ans », explique Christian Walker à Deena, sa nouvelle co-équipière au sein de la division. – Vous étiez un de ces petits merdeux ? – Non, à l’époque c’était différent. Avec mes amis, on organisait des rondes. Ce qu’on voulait c’était nous rendre utiles, faire quelque chose. Mais cette génération, elle a pas envie de se bouger le derrière. Ils tournent de petites vidéos sur leurs pouvoirs et ils les propagent comme des virus. Regarde-les. Tu sais ce qu’ils attendent ? De devenir des célébrités ! » (1×1)
Mais surtout, une mystérieuse nouvelle drogue se répand en ville : le « sway ». Un booster de pouvoirs qui tue les Juniors qui en ont très peu (1×7), mais aussi les anciens Powers… Et cette mystérieuse drogue vient d’ailleurs de tuer Olympia, l’un des acolytes de Walker quand il s’appelait encore « Diamond », avant de perdre ses pouvoirs et d’être obligé de se reconvertir dans la police.
« Ancienne icône de la communauté des Powers » (1×1), comme le présente une journaliste de télévision (la télé, en fond, commente toute l’action dans la série Powers), Diamond-Walker n’est plus aujourd’hui « qu’un flic qui était autrefois quelqu’un » / « a cop that used to be somebody »). Et encore…
Présenté dans son intimité, seul chez lui face à ses bouteilles de bière, debout sur le parapet de son balcon rêvant d’un nouvel envol, errant la nuit dans des fêtes de Juniors ou sur le toit des immeubles qui leur servaient autrefois de « perchoirs », le personnage de Walker – celui qui marche, puisqu’il ne peut plus voler – est totalement ambivalent dans la série Powers. Célèbre pour avoir réussi à faire enfermer Wolfe, son mentor et celui de son meilleur ami d’alors Johnny Royalle (1×5), après que, devenu fou, « Wolfe le cannibale » (1×5) a mangé 167 personnes et a aspiré les pouvoirs de Diamond, Walker va-t-il faire son travail de flic et rattraper Wolfe qui vient de s’échapper de sa cellule (1×5), le tuer pour en finir, comme essaie de l’en convaincre Johnny Royalle ou tenter le tout pour le tout pour récupérer ses pouvoirs ?
Torturé par la perte de ses pouvoirs comme il le serait par un « membre fantôme » (1×1), Walker boit (un peu trop) et se met en danger de diverses manières dans la série Powers. Et comment réussir à tourner la page quand les Juniors que vous venez arrêter sont nourris des best-of de vos aventures et vous réclament un selfie (1×1) ou que le vieux gardien d’immeuble qui vous retrouve endormi sur le toit tel un SDF se laisse aller à ses souvenirs et vous interroge sur le couple que vous formiez avec la belle Retro Girl :
« Elle était là ? Vous vous êtes revus tous les deux ? Vous allez vous remettre ensemble ? – Non, pas que je sache. – Bon Dieu, qu’est-ce que c’était bien à l’époque ! Elle et vous, volant dans le ciel de la nuit, volant côte à côte pour nous protéger ! » (1×1)
« Le ciel sans toi, il est plus comme avant », commente Edwin, un Power croisé le soir de l’inauguration du « Here & Gone »/le « Ici puis ailleurs »), la nouvelle boîte de Royalle destinée aux Juniors.
Pendant que Royalle tente le diable en expérimentant avec le sway, en le distribuant aux Juniors et en faisant ainsi grossir la menace représentée par Wolfe et le risque de « Black Swan » (2), le travail est d’autant plus difficile pour ceux des Powers qui ont su garder la tête sur les épaules, comme Retro Girl, appelée sur un ouragan au début de la série Powers, parce que « j’ai beau avoir de super pouvoirs, j’ai seulement deux mains ! , dit-elle (1×2).
La série Powers : une déception à la hauteur de nos attentes…
Entre les morts très « visuelles » des Juniors et des Powers terrassés par le sway, les lobotomies pratiquées sur Wolfe pour tenter d’affaiblir ses pouvoirs, les souvenirs de ses différents massacres, la série Powers est vraiment gore et retient toutes les caractéristiques esthétiques des comics :
- cadrages ultra graphiques,
- simplicité extrême des décors (au point qu’on se demande même si la série n’a pas été tournée entièrement sur fond vert),
- plans de coupe fournis par le journal télévisé,
- costumes ringards des super-héros (mais en même temps, comment aurait-il pu en être autrement ?!)
- et surtout effets spéciaux basiques, voire ridicules.
Côté décors dans la série Powers, seuls les lofts des super-héros (celui de Walker-Diamond et celui de Retro Girl) sont remarquables. Nous y consacrerons d’ailleurs un prochain article déco…
Bref, par pitié, donnez du fric à la série Powers ou achevez-la ! On se dit que pour le même résultat, une production en images de synthèse aurait sans doute coûté moins cher….
Visant le public adulte des comics, la série emploie aussi son vocabulaire et donne du « Merde ! Fait chier ! Putain ! » (1×3) et du « enfoiré » en veux-tu en voilà, quand elle ne s’attarde pas sur la sexualité des super-héros ou sur les moyens pour les « wannabe » d’obtenir des pouvoirs :
« T’es en train de dire qu’il y a de filles qui sucent les superhéros pour avoir des pouvoirs ? », résume Pilgrim ( !) incrédule. Et Walker de répondre : « Y a pas que les filles qui le font, les garçons aussi » (1×1)
De ce point de vue, la série Powers n’est pas seulement marquée par les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, mais aussi fortement teintée du best-seller de Marco MANCASSOLA « La Vie sexuelle des Super-héros » (3).
Reste que les acteurs sont dans l’ensemble plutôt bons et crédibles :
- Mention spéciale pour Eddie IZZARD dans le rôle de « Big Bad » Wolfe et pour Susan HEYWARD dans celui de Deena PILGRIM, la bleue qui a demandé à intégrer l’unité spéciale Powers et à travailler avec Walker et n’a pas fini de s’étonner. J’ai aussi beaucoup aimé le jeu animal et la présence d’Aaron FARB, qui a l’avantage de jouer le rôle de Simons et de ses nombreux doubles au service de Johnny Royalle.
- Sharlto COPLEY dans le rôle de Christian Walker aka Diamond ne semble tout à fait lui-même et naturel que lorsqu’il boit une bière ou fait du charme à Zora, Janice aka Retro Girl ou Deena Pilgrim. Le reste du temps, comme Noah TAYLOR (dans le rôle de Johnny Royalle), il semble jouer au ralenti.
- Calista (Olesya RULIN) en wannabe pleurnicharde, prête à tout et au pire pour découvrir ses pouvoirs n’est pas agréable à regarder, tout comme comme Retro Girl (Michelle FORBES) et son long visage, même si on aimerait assez habiter chez elle…
- Pour finir, les « Juniors » ressemblent à la poignée de figurants sous-payés qu’ils sont sans doute, affublés de déguisements choisis à la va-vite parmi les invendus d’une boutique d’articles de fête…
Je ne suis pas spécialiste des super-héros, mais tout le monde les a fréquentés, ils font partie de la culture ambiante, et donc très logiquement, on a des attentes !
Avec un thème aussi original et des tonnes de développements possibles, on se dit qu’il y a sans aucun doute de la matière pour une suite à la Série Powers (une saison 2 a été annoncée par Sony en mai 2015).
Personnellement, j’ai surtout eu envie de me procurer les comics !
Toutes les images : ©Sony/OCSChoc
NOTES :
- Cet article se base uniquement sur la série télévisée, en aucun cas sur les comics.
- la « théorie du cygne noir » développée par le philosophe Nassim Nicholas TALEB.
- Marco MANCASSOLA est l’auteur de « La Vie sexuelle des super-héros», un roman paru en Italie en 2008, en France en 2011.
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