« Enquêtes codées » / « The Bletchley Circle » (sur France 3)…

Les Profileuses de Bletchley Park…

Hommage aux femmes qui ont mis leurs talents au service de leur pays pendant la seconde Guerre mondiale, la mini série britannique « Enquêtes codées » créée par Guy BURT raconte les enquêtes du « Bletchley Circle » (c’est le titre anglais), un groupe de quatre femmes spécialistes de décryptage qui, la guerre finie, vont appliquer leurs méthodes à des enquêtes criminelles complexes.

  • Susan (Anna MAXWELL MARTIN), mariée à un fonctionnaire du Ministère des Transports et mère de deux enfants, est un génie des maths capable de reconnaître les schémas récurrents dans des suites de nombres, des dates ou des comportements.
  • Autrefois très proche de Susan, Millie (jouée par Rachael STIRLING, la fille de Diana RIGG !!) est une femme moderne, indépendante et bohême, d’origine aristocratique, qui a voyagé partout dans le monde après la guerre et parle 14 langues. Les cartes n’ont aucun secret pour elle. A court d’argent, c’est contrainte et forcée qu’elle est rentrée à Londres où elle est sous-employée comme serveuse de café.
  • Issue de la classe ouvrière, la jeune et timide Lucy (interprétée par Sophie RUNDLE) est quant à elle dotée d’une mémoire eidétique ou mémoire photographique. Mariée à un homme médiocre et violent, ses années dans le renseignement à « B.P. » (comprendre : Bletchley Park) ont été les meilleures de sa vie.
  • « Last but not least », Jean (jouée par Julie GRAHAM) étaient leur chef à toutes à Bletchley Park. Méthodique avec un grand sens moral, elle s’est reconvertie en bibliothécaire, a accès à beaucoup d’archives utiles et sait faire jouer son réseau.

“Never be ordinary !”

En 1943, les 4 femmes travaillaient ensemble à anticiper les mouvements de l’armée allemande…

Selon le dossier de presse de la série, les gens recrutés à Bletchley Park (en majorité des femmes) venaient effectivement de tous les horizons : repérées dans les universités ou capables de résoudre les mots croisés du Daily Telegraph en moins de 12 minutes (!), leur travail à BP auraient permis de raccourcir la guerre de 2 ans.

Rendues à leur vie de femme étriquée et austère de l’après-guerre, entre ménage et bons de rationnement, et par ailleurs tenues au secret le plus strict concernant leurs anciennes activités, elles ont du mal à trouver leur place dans un monde à nouveau dominé par les hommes.

Aussi quand Susan, persuadée de tenir une piste dans une série de crimes perpétrés contre de jeunes femmes, est ignorée par la police, elle recontacte une à une ses anciennes amies, et ne tarde pas à reformer la petite équipe de renseignement.

“He’s making a pattern and he doesn’t realise he’s doing it. If we can crack it we’ll be able to see what his next move will be. Just like knowing where the German army will be in three day’s time. We can get ahead of him and stop him before he kills again.” (1x1)

Chez l’une ou chez l’autre, dans des bibliothèques, pendant que les maris travaillent ou que les enfants sont à l’école, les 4 femmes collectent et analysent les informations, se rapprochent du tueur et n’hésitent pas à se mettre en danger pour se protéger l’une l’autre. Une seconde chance de réaliser leur vœu formé pendant la guerre : « Never be ordinary ! ».

Profileuses avant l’heure…

C’est une enquête complexe qu’elles mènent dans la saison 1 sur la piste d’un tueur en série retors, un peu comme des profileuses avant l’heure. Cité dans un article du Lady Magazine U.K., le producteur Jake LUSHINGTON n’hésite d’ailleurs pas à comparer les facultés des agents de Bletchley Park à celles d’ordinateurs ou de processeurs de première génération, et à souligner le gaspillage représenté par le retour pur et simple de ces « cerveaux » à la vie civile.

Le scénariste et créateur de la série Guy BURT quant à lui s’est dit particulièrement intéressé par la condition de la femme dans l’immédiat après-guerre, avec tous ces secrets, le retour à une structure sociale datée et dominée par les hommes, et ce sentiment soudain de vide et d’inutilité, comme dans le cas des quatre amies…

Très féministe (beaucoup de femmes se reconnaîtront dans ces personnages déchirés entre leurs obligations d’épouses ou de mères et leur envie de se rendre utiles en exerçant leurs dons), mais aussi un peu manichéenne (avec des hommes au mieux incompréhensifs, au pire machos – ou meurtriers !), la série laisse de ce point de vue de nombreuses pistes d’amélioration pour de futurs épisodes.

La première saison de la série, composée de seulement 3 épisodes a été diffusée sur FR3 le 29/12/2013 et les 4 épisodes de la deuxième saison sont attendus dès le 6 janvier 2014 sur ITV.

L’avez-vous vue et appréciée ?

La bande-annonce d’Enquêtes codées, Saison 1 :


Bletchley Park dans l’actu…

Le choix du sujet et de la période historique est réellement original, comme le point de vue : celui de femmes. La télévision britannique sort enfin de Jack l’Eventreur ou de Sherlock Holmes !

Benedict Cumberbatch dans "The Imitation Game"

Tenues au secret par the Official Secrets Act (1939), le rôle des employés de Bletchley Park pendant la guerre n’a été révélé qu’avec la déclassification des dossiers dans les années 70 et le gouvernement britannique n’a reconnu les vétérans de Bletchley qu’en 2009.

Figure de l’institution, le mathématicien Alan TURING réussit à briser le code de la célèbre machine Enigma utilisée par les Nazis. Condamné pour homosexualité en 1952, il se suicida 2 ans plus tard à 41 ans, et vient tout juste d’être réhabilité par la Reine Elisabeth II ce 24 décembre 2013.

Pour finir, Benedict CUMBERBATCH interprétera Alan TURING aux côtés de Keira KNIGHTLEY dans le biopic à sortir en 2014 : “The Imitation Game”.

En Savoir plus :

18 thoughts on “« Enquêtes codées » / « The Bletchley Circle » (sur France 3)…

    • admin dit:

      Merci Colin’s ! J’espère que France 3 proprammera bientôt la saison 2 !

  1. Grace Bailhache dit:

    Eh bien merci ma chère, n’ayant plus de tv, j’avoue que je ne regarde plus que très rarement le programme, je le fais systématiquement quand je veux organiser un jeu sur FB pour ne pas tomber un soir de diffusion de LA SERIE de la mort qui tue.

    Je découvre grâce à toi, et je jetterais bien un oeil parce que le principe me plait assez et me rappelle un peu du reste les enquêtes de Murdoch. A voir…

    Dis Benedict C, ce ne serait pas le Sherlock des années 2000 ?

    Allez bonne semaine dear !

    Grace

    • admin dit:

      Mais si, précisément, Benedict Cumberbatch EST le Sherlock de 2010 ! C’est ce qui me plait : dès que tu commences à fouiller, tu trouves plein de ramifications, de liens insoupçonnés entre les sujets ou les personnages qui t’intéressent… Incroyable, non ? Merci d’être passée, Grace !

      • Grace Bailhache dit:

        Humm…Big sniff parce que j’ai cherché sur mon site préféré cette série pour la voir en streaming and trois fois hélas, elle n’est pas présente….Il faudra que j’attende les DVD ! Merci pour la découverte ! Bon week-end miss !

        • admin dit:

          Le DVD de la 1ère saison existe déjà, tout en anglais (mais je sais que ce n’est pas un problème pour toi !!). Le lien est à la fin de l’article « En Savoir plus »… Bises !

  2. Ita Malka dit:

    J’ai adoré la série! Ca change des séries policières habituelles et la touche made in britain fait son effet! J’aimais pas trop l’actrice principale Anna Maxwell Martin surtout dans Death Comes to Pemberley mais là elle m’a bluffée! J’ai hâte de voir la suite!

    • admin dit:

      Moi aussi ! C’est demain soir chez les Anglais, mais nous, il faudra encore attendre ! Merci d’avoir commenté mon article et à bientôt !

  3. potzina dit:

    J’ai regardé la première saison la semaine dernière parce qu’il n’y avait rien d’autre qui me plaisait et en fin de compte j’ai bien accroché. Comme tu le dis, c’est un petit peu caricatural concernant les hommes mais ce n’est qu’un petit bémol vu la qualité des personnages féminins et de l’intrigue. Je trouve ça vraiment bien d’aborder le sujet du devenir des femmes après la guerre, c’est quelque chose dont on ne parle jamais. Tout comme du travail des femmes pendant la guerre d’ailleurs.
    Je ne savais pas que Rachael Stirling était la fille de Diana Rigg, je n’ai pas vu la ressemblance 🙂 Par contre pendant que je regardais la série, je n’ai pas arrêté de me demander où je l’avais déjà vu : c’était dans Hercule Poirot, Miss Marple et L’inspecteur Lewis !
    Merci pour ce chouette article, bon dimanche !

    • admin dit:

      Merci, ma chère ! J’ignorais l’existence et le fonctionnement de Bletchley Park et c’est vrai que le point de vue choisi par le créateur de la série est vraiment rare et intéressant. Quand on regarde les dates, c’est incroyable de voir qu’encore aujourd’hui, on est juste en train de solder de sombres histoires remontant à la fin de la guerre ! Du coup, j’irai sans doute voir le film sur Alan TURING quand il sortira… A bientôt !

    • admin dit:

      Je suis tombée dessus tout à fait par hasard entre Noël et le Nouvel An, alors que j’étais à Lille, et je suis restée scotchée devant toute la soirée ! Ensuite en fouillant un peu à propos de Bletchley Park, je trouve l’idée vraiment intéressante ! Merci de ton commentaire, Arwen, & à bientôt !

    • admin dit:

      C’est vraiment très sympa… Pas encore la mode des années 50, parce qu’on est en pleine austérité, mais ça devrait te plaire avec ces femmes indépendantes aux cerveaux surpuissants et qui n’ont peur de rien ! 😉

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