« Maintenant, c’est comme ça qu’on regarde… »
Vu lors de la 3ème édition du Festival Séries Mania, le documentaire « Series Addicts » d’Olivier JOYARD, diffusé sur CANAL+ Séries le 01/12/2011.
Extraits, interviews de showrunners, micro-trottoirs à cheval entre Hollywood et… le Forum des Halles à Paris pour tenter de dresser le portrait des fans de séries télé, que le journaliste des Inrocks appelle des « Séries Addicts » :
- « Fansubbers » passant des nuits à sous-titrer bénévolement les derniers épisodes sortis aux Etats-Unis ;
- Auteurs de fan fictions, préférant écrire eux-mêmes la suite !
- Fan-clubs informels se réunissant autour du dernier épisode de leurs séries préférées ;
- Addicts du streaming dépendant de logiciels pour gérer leur séances et rester à jour ;
- Fans américains lobbyistes, s’engageant à ne plus manger que les sandwiches du sponsor en échange d’une nouvelle saison ;
- Fans marathoniens prêts à enquiller 84 h non-stop de « Lost » pour vivre, avec ceux qui leur ressemblent, une aventure aussi folle que mémorable (que Clyde Phillips nomme le « Binge watching ») ;
- Et enfin fans dépressifs au bord de la crise de nerfs (comme Mouloud ACHOUR !) quand la série s’arrête et qu’il faut « faire son deuil »…
Oui, « maintenant, c’est comme ça qu’on regarde… », entend-on au cours du reportage. Pas une étude sociologique fouillée ni sérieuse, mais un doc drôle, dans lequel tous les fans de séries tv pourront se reconnaître…
Les séries ne sont donc plus le passe-temps des femmes au foyer, d’adolescents ou de geeks inadaptés (et ayant du temps à perdre), mais sont devenues des objets culturels (plus que le cinéma ?), des objets d’étude utiles et passionnants pour les universitaires, les journalistes, les écrivains et les psys…
Elles sont à la source de nouveaux modes de vie, de nouveaux modes de socialisation, et d’implication, presque d’un nouvel ordre social (ceux qui ont vu… et les autres).
Comme on s’en doutait, les passionnés sont des deux côtés de l’écran… Derrière Olivier JOYARD, nous entrons dans la salle d’écriture de Breaking Bad (showrunner : Vince GILLIGAN) pour tenter d’en savoir plus sur le process d’écriture des séries :
- Plus loin que le cliffhanger haletant de la fin d’une saison, les scénaristes connaissent-ils la fin quand ils sont en train d’écrire ?
- Se laissent-ils influencer par les réactions des fans et leurs messages parfois haineux et désespérés lancés via les réseaux sociaux ? (« Rends-moi les 6 dernières années de ma vie ! », réclamait l’un d’eux, en insultant copieusement un showrunner)….
« Si vous écoutez le public, vous finissez avec le même épisode chaque semaine« , répond Matthew Weiner, le créateur de Mad Men.
Pendant que certains fans qualifient les scénaristes de « terroristes émotionnels », des créateurs de séries tel que Terence WINTER (Boardwalk Empire) se félicitent de ne pas travailler pour les grands networks : « Sur le câble, nous écrivons sans menottes »
Regarder une série, c’est une relation particulière à une œuvre, note l’écrivain Philippe DJIAN. Comme les acteurs qui se voient vieillir au fil des saisons d’une série, les fans grandissent et évoluent avec leurs personnages. Le sentiment de communauté qui s’est créé dépasse la série…
Et vous, quel genre de fan de séries êtes-vous ?
J’hésite entre addict du streaming et fan marathonien !