Secrets de profileuse…
Expert psychiatre à Chicago, Helen Morrison est ce qu’on appelle une « profileuse » depuis déjà 30 ans quand elle sort en 2004 son livre : « Ma Vie avec les serial Killers » (Titre original : « My Life among the serial Killers – Inside the Minds of the World’s most notorious Murderers »).
« Depuis 30 ans, j’étudie les mécanismes intimes les plus pervers des meurtriers en série » (p.12)
Abordée après un séminaire par un agent du FBI qui cherche à faire avouer à Richard Macek les autres crimes dont il est soupçonné, elle rencontre son premier tueur en série en 1977. Pendant l’année qui suit, elle aura 400 heures d’entretien avec le “tueur fou qui mordait ses victimes” (p.54).
Puis, c’est Ed Gein qu’elle a l’occasion d’interroger dans l’institut psychiatrique de Mendota, où elle travaille et où lui, termine sa vie. Quelque part entre le Norman Bates de « Psychose » et le Buffalo Bill du « Silence des Agneaux », Ed Gein avait conservé le corps de sa mère dans une pièce de la ferme dont il avait hérité et pillait les cimetières pour fabriquer vêtements et abat-jour en peau humaine, têtes réduites…etc…
Une dizaine d’heures d’entretien plus tard, elle a « attrapé le virus. » (p.85).
« Il fallait que j’en rencontre encore et encore pour mieux les comprendre –s’il y avait quelque chose à comprendre. (…) Je ne pensais qu’à une chose : continuer à recueillir des données, le plus possible, dans l’espoir de trouver un jour la réponse à cette question [qu’est-ce qui les pousse à enchaîner les meurtres ?]. Je savais que ce serait long, très long, que cette quête prendrait sans doute des années, qu’elle m’userait peut-être, car il me faudrait étudier de dizaines et des dizaines de tueurs, Mais j’avais attrapé le virus. » (p.85)
Helen Morrison, que la presse a surnommé « la vraie Clarice [Starling] », rencontrera en tout 80 tueurs en série, aux Etats-Unis et dans le monde, cherchant à « tracer un profil susceptible de s’appliquer à une majorité d’entre eux » (p.71).
Dans le livre, c’est une quinzaine de ces entretiens qu’elle nous livre, ainsi que des pièces de correspondance, les témoignages de victimes ou de l’entourage des tueurs et quelques recherches historiques. John Wayne Gacy, l’Etrangleur du Yorkshire, Wayne Williams alias « le tueur d’Atlanta », Bobby Joe Long, Robert Berdella (« le boucher de Kansas City »), Michael Lee Lockhart ou Gary Leon Ridgway (« le Tueur de la Green River ») lui permettent d’établir le profil de ces Serial Killers – ou SK – et d’avancer une théorie assez différente de celle qu’on admettait jusque là…
A « l’équation : étrangleur de chats + énurésie + mère étouffante ou père violent = tueur en série » (p. 294), la psychiatre Helen Morrison substitue en effet la théorie du gène du tueur en série et espère que les progrès de la science dans le domaine de l’ADN, de l’imagerie médicale, etc… permettront de le découvrir rapidement.
A sa sortie, le livre d’Helen Morrison fut très controversé, moins pour les témoignages rapportés, sans doute, que du fait qu’elle était généralement appelée par la défense auprès des SK. Sans doute aussi du fait de la surenchère médiatique qui entourait ce thème à l’époque, et à laquelle elle participe elle-même dans les dernières pages du livre.
Son témoignage, – comme celui du profiler John Douglas (à la base de la série « Esprits criminels ») – n’est certainement pas à mettre entre toutes les mains, mais il présente un point de vue intéressant :
« J’ai eu le triste privilège d’observer des parents confrontés au pire. Il y a le chagrin incommensurable de ceux dont les enfants ont été victimes d’un tueur en série, et la stupeur de ceux qui découvrent que leur fils est un monstre » (pp.197-198)
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J’ai bien envie de le lire ! Stephane Bourgoin est également un auteur français specialiste des serials killers. Ils en a interrogé un tres grand nombre et a d’ailleurs enseigner ses connaissances à l’ecole des officiers de gendarmerie.