Quand Trivago se met au story-telling…
Une petite histoire avant d’aller dormir à l’hôtel ?
Après Berlin, puis Venise, plutôt que de nous reproposer son joli petit couple de hipsters, auquel nous ne pouvons pas tous nous identifier – hélas ! –, le comparateur d’hôtels en ligne TRIVAGO nous a proposé ce printemps 3 mini films de cinéma absolument remarquables et qui ne pouvaient que nous donner envie de partir – avec ou sans Trivago -, grâce à des scénarios et des images super bien ficelés.
Et si on regardait d’un peu plus près ces 3 très beaux spots de pub ? Un polar d’action (avec mafia et gros billets), une romance et un film de SF avec fantômes et humour… Silence… Moteur… Action !
Les Films…
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A la recherche d’un petit hôtel pittoresque pas très loin de chez vous ? Italie, Hôtel Perla
Scène de rue avec gosses, poules, et mammas transportant des panières de linge…. Nous sommes en Italie, devant l’hôtel La Perla. La voix off attaque tout de suite et raconte : « Italie. 1952. Hôtel Perla ». 2 gros malfrats qui faisaient la sieste dans une chambre à lits doubles, l’un en pyjama, l’autre en marcel et caleçon sont surpris par la police et arrêtés : « Le 9 avril, les frères Monza sont arrêtés chambre 9 ». De l’autre côté du mur, un gamin, visiblement haussé sur la pointe des pieds, observe la scène. Le montage est très rapide. La voix off semble faire naître les images de ce récit, son et image parfaitement synchronisés : « Un peu + tôt, Luca Temperini observait les malfaiteurs par le trou du mur et s’emparait du butin. » Gros plan du gamin agitant les billets – l’image est sous-titrée de l’italien : « Je vais m’acheter une tonne de bonbons ! »
Travelling avant, caméra à l’épaule (pendant l’arrestation), gros plans, gros plan du gamin en contreplongée quand il explique en chuchotant, les yeux pétillants, à quoi il va dépenser le butin, puis d’un coup, vue en plongée sur le gamin, surpris quand la porte s’ouvre et la seconde d’après, muet et le regard fixe, couvert de bandages alors que la voix explique : « Hélas, un coup de porte sur la tête lui fait oublier sa cachette ». Un morphing nous fait découvrir Luca tel qu’il est aujourd’hui. Muet et le regard fixe ! « Aujourd’hui encore, Luca rêve de ses bonbons ». Retour dans la chambre, propre et bien rangée, comme s’il ne s’était jamais rien passé. « Si seulement il se rappelait où il avait caché l’argent ! » La caméra fait un zoom avant sur l’armoire, dans le haut de laquelle on aperçoit un bout de papier qui dépasse (les billets de banque ?)
La voix off conclut et amène le slogan : « Comment le savons-nous ? Parce que nous savons tout sur les hôtels ! Un hôtel ? Trivago ! »
Juste balèze ! En seulement 30 secondes d’images virtuoses, de montage rapide et efficace, Trivago nous a montré beaucoup plus qu’un hôtel où louer une chambre quelque part en Italie, mais nous a offert l’Italie de nos fantasmes – celle des petits villages typiques et des films de gangsters – et l’adresse du site internet qui va faire de ce rêve une réalité !
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A la recherche d’un hôtel pour une escapade romantique sur la côte est des Etats-Unis ? New-York, Winston Hotel
Vue aérienne du pont de Queensboro à New-York (est-ce qu’on n’a pas déjà l’impression d’être dans l’avion qui nous emmène à New-York ?). Quand on se pose à hauteur d’homme devant l’Hôtel Albert Winston, tout New-York est déjà dans l’image : bouche d’incendie, jogger, taxi jaune et le bruit des sirènes de la police ! La voix off confirme : “New-York, 2007. Hôtel Winston. Dans la superbe suite d’un hôtel chic, un groom tombe sous le charme d’une cliente au charme oriental et à l’air faussement modeste. La voix off poursuit : « 2 février. Le cœur de Jacobo Menda va se briser ». Il rencontre la princesse Daboutboul ».
Là, l’image ne semble plus vraiment synchro avec le commentaire : alors que la voix off nous détaille la commande en room service : « Elle commande un club sandwich. Une salade Caesar et un Coca », on voit la princesse prendre la main du petit groom et l’entraîner vers le canapé. Quand le verre de coca abandonné sur son plateau se met à trembler, on comprend que les tourtereaux sont passés aux choses sérieuses. Superbe image du groom, à l’envers dans le lit (y aurait-il un miroir au plafond de cette luxueuse chambre ?), le visage épanoui d’un grand sourire. Mais le commentaire contredit l’image : « Hélas, le grand amour ne sera qu’éphémère ». On voit le groom en uniforme ouvrir les portes coulissantes de la chambre, une bouteille de champagne à la main. Son sourire se fige. Gros plan sur l’enveloppe adressée à Jacobo et laissée sur le banc de lit (Une femme de ménage est déjà en train de faire la chambre). Voix off : « La lettre d’adieu ne parle… que du papier peint. Retour sur le malheureux Jacobo, assis au bord du trottoir, totalement désespéré. Face caméra, il témoigne de ses sentiments : « I thought she loved me ! » (la citation est sous-titrée de l’américain en français sur l’image, comme dans un film de cinéma). Retour dans la suite où la caméra fonce droit sur la tête de lit. Commentaire : « Si seulement Jacob avait jeté un coup d’œil à ce papier peint ! » Le gros plan sur le papier peint de la tête de lit révèle un numéro de téléphone griffonné à même le mur : « Call me ».
La voix off conclut et amène packshots de fin et slogan : « Comment le savons-nous ? Parce que nous savons tout sur les hôtels ! Un hôtel ? Trivago ! »
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A la recherche d’un hôtel pour côtoyer l’inconnu en Thaïlande ? Bangkok et le mystère de la chambre 348
Une rue en Thaïlande avec tuk tuk, scooters, vélos et marchands ambulants. « Bangkok, 1974. Hôtel Sia. Le 5 mai ». Alors qu’une famille arrive au bout du couloir joliment décoré d’un hôtel, un couple de clients sort la tête de sa chambre, visiblement affolé. Sur le gros plan du visage du maître d’hôtel, transpirant, pétri de honte (ou de peur), une voix off raconte : « Le maître d’hôtel condamne la chambre 348, car on la suspecte d’être hantée ». Les images comme le commentaire nous embarquent : gros plan d’un enregistreur à bandes. Au bout des écouteurs, un couple de chasseurs de fantômes, équipés de tout l’attirail adéquat (ça y est, on a la référence : c’est « Ghostbusters » qui se rejoue ici !). La voix off embraie (on découvrira plus tard qu’elle se fourvoit) : « 2 chasseurs de fantômes examinent les lieux. Apparemment, l’esprit d’un ancien client hante la chambre. Quand la tasse de café, puis le lustre de la chambre se mettent à trembler, le patron de l’hôtel sort en courant et retrouve dans le couloir la foule des clients affolés. « Le service ne lui avait pas plu ? », demande le maître d’hôtel ébranlé, face caméra. « Si seulement le maître d’hôtel avait su percer le mystère de la chambre 348 ! », conclut la voix off, goguenarde. Retour à la chambre vide, où les objets se remettent à trembler. La caméra-qui-sait-tout se rapproche de la fenêtre pour nous révéler la chute : la solide voisine d’en face aime pousser la chansonnette (suraiguë) quand elle est sous la douche et… elle a du coffre !
Packshots et slogan final : « Comment le savons-nous ? Parce que nous savons tout sur les hôtels ! Un hôtel ? Trivago ! »
Quand Trivago se met au storytelling…
On passe sur le fait que l’intrigue des 3 spots repose sur des défauts plutôt graves des hôtels soi-disant sélectionnés par Trivago : un trou dans le mur pour le spot italien, un papier peint décollé à New-York (pas très bon signe sur la qualité des hôtels proposés par Trivago !) ou le voisinage bruyant de l’hôtel thaïlandais…
Les hôtels qui nous sont montrés n’existent probablement pas et, plus que les chambres ou les installations des vrais hôtels proposés par le comparateur, l’important est clairement l’histoire ou plutôt les histoires qui nous sont racontées (et qui nous font vraiment rêver) et plus loin, l’image de marque que Trivago parvient ainsi à installer.
On parlerait de « story telling » et de « brand content », si on était branché…
Culture, aventure, dépaysement, voyage et rencontres, voilà ce que nous « vend » Trivago à travers ces 3 publicités, plus que des chambres d’hôtel assurément confortables, mais aseptisées. Et c’est très fort !
Trivago sait tout sur ses hôtels – du trou dans le mur au coin de papier peint qui se décolle, feint de nous révéler la marque -, sur leur histoire et toutes les histoires qui y sont nées ou s’y sont déroulées. Trivago parvient ainsi à se démarquer de ses concurrents, qui ne seront jamais capables que de comparer des surfaces ou des équipements.
Le meilleur hôtel n’est-il pas celui dans lequel vous vivrez une véritable aventure, aurez vos meilleurs souvenirs ?
Les spots ont été conçus et réalisés par le duo allemand Die Rabauken : Alex ESLAM & Hanna Maria HEIDRICH.
Vous vous êtes laissé embarquer par ces histoires ? Vous vous êtes projetés dans ces aventures, dans ces lieux ? C’est gagné !