La Poupée sanglante, série-culte des années 70…

La Poupée sanglante, série nostalgie d'après le roman de Gaston Leroux

Le Challenge Halloween fête ses 10 ans autour de l’horreur et du mystère à la française. Quelle autre série que La Poupée sanglante de mon enfance répondrait mieux à ce thème ? Diffusée à partir du 17 septembre 1976 sur Antenne 2, ses 6 épisodes de 52 mn adaptés du roman de Gaston LEROUX paru en 1923 sont rapidement devenus culte. J’en connais encore certaines répliques par cœur !

Avec une secte hindoue bizarre, un marquis vampire, un tueur en série, un fantôme, une belle et une bête, une créature et un ou deux savants fous, La Poupée sanglante de Marcel CRAVENNE est une vraie série télé d’halloween, en même temps qu’une série nostalgie des années 70 qui vous fera sourire !

La Poupée sanglante d’après Gaston LEROUX : Landru pas mort !

Paris, 1925. Dans une petite rue commerçante de l’Ile-Saint-Louis, un relieur au physique peu enviable (Jean-Paul ZEHNACKER) observe en secret sa jeune et belle voisine et note plusieurs faits mystérieux. Christine (Yolande FOLLIOT) cache chez elle un homme d’une grande beauté (Ludwig GAUM) qui fait l’objet de toutes les attentions de la part de son père, horloger à la recherche du mouvement perpétuel, et de son fiancé, un chirurgien ambitieux « qui, dit-on, serait capable de rescuciter un mort ? ».(ép.2). Dans l’hôtel de Coulteray tout proche, la marquise (Edith SCOB) dont Christine sculpte le buste s’affaiblit de jour en jour. Elle accuse le marquis d’être un vampire.

La Poupée sanglante : Yolande Folliot, la belle, et Jean-Paul Zenacker, la bête
La belle Yolande FOLLIOT et la bête Jean-Paul ZENACKER…

Par ailleurs, les apprenties du relieur disparaissent l’une après l’autre, au point que Bénédict Masson, protestant toujours son innocence, finit guillotiné, – non sans avoir légué son cerveau au chirurgien, se donnant ainsi une seconde chance de prouver son innocence et de vivre le grand amour avec Christine sous les traits du beau Gabriel.

Dès le premier épisode, la figure de LANDRU est évoquée, quand la grand-mère inquiète de sa petite Solange vient à la boutique demander des comptes au relieur. Le tueur en série français a été exécuté en 1922, soit un an tout juste avant la parution du roman de Gaston LEROUX. C’est la première inspiration du romancier pour La Poupée sanglante. Le voir jouer du massicot ou manipuler une presse (ép. 1) n’a vraiment rien de rassurant ! J’avoue avoir même imaginé, en le regardant caresser un livre tout en évoquant l’art de la reliure, qu’il recouvrait ses livres de peau humaine…

Série TV La Poupée sanglante : le retour de Landru ?
Un an après l’exécution de Landru, le plus célèbre des fourneaux reprend du service dans la Poupée sanglante.

L’horreur et le mystère en feuilleton

Ex roman-feuilleton publié pendant plus d’un mois dans Le Matin avant de paraître en volume, l’œuvre de Gaston LEROUX adaptée en feuilleton télé sait gérer le suspense. Bénédict, d’abord seul à s’interroger, est bientôt rejoint par Christine qui l’introduit chez les Coulteray en tant qu’observateur, puis par le fiancé Jacques Quentin et le père de la jeune fille. Pas de temps mort dans La Poupée sanglante ! Dès que le rythme ralentit, on envoie (ou l’on reçoit) un télégramme ou une lettre d’appel à l’aide et on saute dans une voiture, qui vers Paris, qui vers le village proche de Corbillères (où le relieur a une petite maison – digne de celle de Gambais ! – et le marquis un manoir), qui encore vers le château de Coulteray en Vendée, dans l’espoir d’une bribe d’explication. Eh oui, on utilisait ce truc dans les années 70 !

Série La Poupée sanglante : la maison du crime
La maison du crime à Corbillères…

Aidés par les propos confus de la marquise, les dialogues à mots couverts des deux scientifiques et les rebondissements constants dans La Poupée Sanglante, les mystères posés dans le premier épisode s’épaississent :

  • Qui est Gabriel et quelles relations entretient-il avec Christine ?
  • A quelles expériences inavouables se livrent donc son fiancé et son père ?
  • Le marquis est-il un vampire et quelle est cette secte qui forme son entourage ?
  • Que sont devenues les apprenties du relieur ? Bénédict Masson est-il le nouveau Barbe-bleue, le nouveau Landru ?
  • La marquise morte errera-t-elle comme un fantôme pour l’éternité ?
  • L’exécution de Bénédict Masson est-elle une erreur judiciaire ?
  • Qu’est-ce qu’un monstre ? Qu’est-ce qu’un homme ?

A la fin du 3ème épisode, alors que le héros est guillotiné et que l’écran s’obscurcit, une voix off vient relancer la machine :

« Ce qui est étrange, ce qui est unique dans l’histoire de Bénédict Masson, c’est qu’en réalité, elle ne fait que commencer… »

 

La Poupée sanglante, série kitsch et surpenante

S’inspirant de Dracula, de la Belle et la Bête, de Faust et de Frankenstein, La Poupée sanglante est à la fois une série fantastique, une série policière et une série romantique. Et aussi loin qu’elle nous emmène dans l’étrange et le surnaturel, l’explication finale proposée par Gaston LEROUX est entièrement rationnelle et scientifique. Ultime pirouette de ce feuilleton prenant, même s’il est un peu désuet par certains aspects…

 

  • Une série proche du nanar…

En dehors de la qualité d’image assez déplorable de La Poupée sanglante, le jeu des acteurs ultra théâtral, la lumière et le maquillage FX sont vraiment d’une autre époque !

Une pince à épiler aurait suffi à restaurer son estime de soi chez le relieur en évitant des morts ! Au lieu de ça, on lui a collé deux gros rectangles de moustache au-dessus des yeux et déformé sa bouche avec de la colle. Terrible !

Série TV La Poupée sanglante : les effet spéciaux ont vieilli !

Pourtant, sa coupe de cheveux vaut bien celle de Robert SMITH des Cure ou celle des jumeaux d’Indochine…. Rien à dire !

Série TV La Poupée sanglante : effets capillaires

Le double de Bénédict, le beau Gabriel – qui sait se montrer impertinent et coquin quand il le faut (voir l’épisode 5) – a, quant à lui, de faux airs de Rod STEWART, avec ses cheveux platine, ses yeux charbonneux et ses boots tendance. Ah, les années 70/80 !…

La Poupée sanglante : Ludwig Gaum joue le rôle de Gabriel
Le comédien britannique Ludwig GAUM joue le rôle de Gabriel, double lumineux de Bénedict… (ép. 5)

Il nous fait bien rire dans l’épisode 4 de La Poupée sanglante, quand il se promène un couteau planté dans le dos, et quand il s’affiche en super-héros, à la fin de l’épisode 5, s’attaquant seul à l’escouade de gendarmes venus l’arrêter, les faisant tomber comme un seul homme et courant au ralenti en portant dans ses bras Christine, pendant qu’on crible son dos de balles qu’il ne ressent pas…

Le combat réglé façon Power Rangers est kitschissime. Un bon moment décalé de la série !

  • L’humour de Landru

Décalé aussi, l’humour de l’homme laid en réponse à la belle de La Poupée sanglante :

« Je sais que j’ai une belle âme » (ép.2)

Ou quand il vient d’échapper in extremis au lynchage des villageois :

« Ils sont forts, les gens de Corbillères ! Ils ont réussi à me défigurer… » (ép.3)

On apprécie aussi dans La Poupée sanglante les salves d’humour à la Landru de Bénédict Masson face au juge d’instruction qui l’interroge sur les bagages des apprenties retrouvés chez lui :

« C’est une preuve que je suis un homme d’ordre, M le juge. Elles seront bien contentes quand elles reviendront, de retrouver leurs petites affaires telles qu’elles les avaient laissées. […] Elles sont parties, elles peuvent revenir… […] C’est pas parce que j’en ai brûlé une, que j’ai fait flamber toutes les autres ! […] Ce n’est pas une raison parce qu’on découpe une femme en morceaux et qu’on la met dans sa cuisinière qu’on l’a tuée ! » (ép.3)

Goûteux, n’est-ce pas ?

  • Des dialogues étonnants !

Mais dans le genre décalé, La Poupée sanglante se distingue aussi par des moments hors du temps, des dialogues surprenants qu’on dirait issus du Mépris de Jean-Luc GODARD (sorti en 1963) :

  • La mer, les vagues, les violons… Les silhouettes de Christine et Gabriel se rapprochent, mais au moment de l’embrasser, Christine recule :

« Non ! – Pourquoi ? – Parce que ça me fait peur. Parce que vous êtes trop beau. – Et avant, vous embrassiez bien Gabriel ? – Oui, mais lui ne m’embrassait pas. Tandis que maintenant… – Maintenant ? – Je sais qu’il le peut… et qu’il le veut ! » (ép.5)

  • Personnage intrigant s’il en est dans La Poupée sanglante, La Dorga, maîtresse du marquis et déesse de la secte vampirique, drague Gabriel de manière directe, éhontée et c’est surprenant :

« Quand La Dorga veut quelque chose, quelque chose ou quelqu’un, elle finit toujours par l’avoir ».

« Moi je ne donne pas,  je prends », annonce La Dorga – « Moi, je prends et je donne ! », répond Gabriel.

Drôle de manière de se présenter…

  • Jacques Quentin, quand il comprend enfin le gâchis dont il est responsable, en perd toute logique :

« Et c’est parce que Gabriel a pleuré et que tu crois Bénédict innocent, que tu aimes un automate ? (ép.5)

 

Edith SCOB, inoubliable marquise de La Poupée sanglante

Loin d’être un nanar, La Poupée sanglante est juste une série qui a vieilli, mais reste très prenante, étonnante de bout en bout ! Même si les effets spéciaux nous écorchent les yeux, et certains dialogues les oreilles aussi (voir la version roman-photo de cette article ici ou ici), j’ai adoré me replonger dans cette série qui nous tient en haleine et nous ferait croire n’importe quelle baliverne.

Comme quand j’étais enfant, j’ai été touchée par le personnage de la marquise, maigre dans ses fourrures et flippante en fantôme murmurant « Druine, Druine ! » (le nom de famille de l’intendant) dans la cour du château… Un rôle inoubliable pour Edith SCOB qui nous a quittés cette année, le 26 juin 2019, à l’âge de 81 ans.

La Poupée sanglante : la marquise de Coulteray, interprétée par Edith SCOB
La marquise en ses fourrures…
La Poupée sanglante : la marquise transformée en fantôme...
… condamnée à errer comme un fantôme pour l’éternité…

Laissez donc votre ironie et votre distance naturelle au vestiaire avant d’entrer. Cette série et ses thèmes sont vraiment d’une autre époque, mais qu’est-ce que c’est drôle… et flippant !!!

J’ai gardé pour la fin les mots de Bénédict Masson alias Gabriel, avant de sauter de la falaise :

« Je vais mourir… à la fois plus heureux et plus malheureux que la première fois, maintenant que je sais comment on peut être aimé. » (ép.6)

Je suis très curieuse de découvrir les mots utilisés par Gaston LEROUX dans son roman…

Aviez-vous déjà entendu parler de La Poupée sanglante ? La série est-elle maintenant sur votre watchlist ?

 

En Savoir plus :

Cet article participe au Challenge Halloween 2019 de Lou & Hilde
Cet article participe au Challenge Halloween 2019 organisé par Lou & Hilde…

2 thoughts on “La Poupée sanglante, série-culte des années 70…

  1. Hilde dit:

    Les thématiques me plaisent mais ça semble tellement kitsch… J’étais une petite sorcière dans les année 80, je n’ai pas connu tout ça.

    • Ada dit:

      C’est ça qui est fun ! Mais la distance, je ne la mets que maintenant. Le feuilleton est très prenant et je peux t’assurer que c’était du premier degré à l’époque pour moi. On rigolait, mais c’était pour exorciser la peur !

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